GROSSESSE et ANTIDÉPRESSEURS: Risque accru de 87% d’autisme chez l’enfant
Actualité publiée le 14-12-2015
JAMA PEDIATRICS
Alors
que la dépression touche 7 à 19% des femmes enceintes, le recours aux
antidépresseurs durant la grossesse pose la question des effets sur la
grossesse et du risque de complications. Il pose aussi celle de
l’exposition in utero sur la santé de l’enfant. Ici, ce sont les
inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS), une
classe spécifique d’antidépresseurs, qui sont mis en cause avec cette
étude de l’Université de Montréal qui associe la prise d’ISRS au cours
de la grossesse à un risque accru d’autisme pour l’enfant. De nouvelles
données, sur un nouveau risque associé, qui posent à nouveau la question
du bon usage des antidépresseurs durant la grossesse.
Car si la prise d’antidépresseurs durant la grossesse ne semble pas accroître directement le risque de décès de l’Enfant, ni de retard de croissance, d’autres risques ont déjà été documentés, dont la prématurité, la prédisposition de l’enfant à l’obésité, et même un certain risque d’anomalies à la naissance. Cependant,
c’est l’une des premières études à aborder l’effet de l’exposition in
utero aux antidépresseurs sur le risque de développer un trouble du
spectre autistique (TSA).
Ici,
l’étude a suivi près de 150.000 grossesses et 145.456 enfants nés à
terme entre 1998 et 2009, à partir des données des registres canadiens.
· 1.054 enfants présentaient un TSA.
· 4.724 enfants avaient été exposés in utero aux antidépresseurs, dont,
- 90 % dès le 1er trimestre de grossesse,
- 50% au 2d et 3è trimestres de grossesse.
L’analyse constate que,
· l’exposition in utero aux ISRS au cours du 2d ou 3è trimestre de grossesse est associé à un risque accru de 87 % d’autisme.
· Ce n’est pas le cas si l’exposition intervient au 1er trimestre.
Les ISRS prescrits dans les derniers mois de la grossesse sont donc bien associés à un risque accru d’autisme
chez l’Enfant. Ces médicaments pourraient en effet traverser le
placenta, augmenter les niveaux de sérotonine et perturber ainsi son
action de la sérotonine dans le développement du cerveau. Bien
évidemment, il s’agit d’une association, et il reste difficile
d’affirmer que la dépression elle-même ou d’autres facteurs
environnementaux n’interviennent pas dans cette augmentation du risque
d’autisme. Cependant,
prenant en compte l’ensemble des risques déjà évoqués pour l’enfant,
exposé in utero aux antidépresseurs, il est clair que leur prescription
chez la femme enceinte est « sensible » et que les traitements non
médicamenteux, comme la thérapie cognitivo-comportementale par exemple –qui semble parfois tout aussi efficace- sera à privilégier.
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